BIO !

Bio….. gogo !

Le bio me soûle, le bio me gave …il n’y a plus que ce mot…. le biôôô…. à toutes les sauces, comme si c’était la panacée finale….de l’élite, of course !

STOP !

Je vais vous parler d’un temps, que je n’ai pas connu, j’ai beaucoup lu, j’étais encore dans mes langes, enveloppé dans mon berceau, la guerre était finie depuis quelques années, mais personne ne mangeait à sa faim. J’essuie une larme furtive qui glisse sur mes joues mal rasées. En ce moment c’est un jour rasage, et un jour vélo, jamais en même temps, c’est pas bon pour la peau. C’est vrai que je n’ai jamais eu de problèmes d’acné. Merde, je me rappelle, à l’adolescence, lorsque j’avais neuf ans, si, si, mes copains de classe, beaucoup plus âgés que moi, resi, si, se trimbalaient des visages de têtes de carnaval, alors que ma peau restait totalement lisse.

Donc, disais-je, les denrées manquaient.

J’ai peut-être gardé, ancrée au fond de moi, cette haine du gaspillage, et ce refus de me remplir une assiette sans savoir si je pouvais la finir. Donc, on mangeait ce qu’on nous servait, et de plus, les ‘j’aime pas’ n’existaient pas, et je ne vous parle pas des passages à l’orphelinat où le plat de luxe, celui qui était servi une fois par an, avec parcimonie, le15 août, à l’Assomption, extraordinaire, était un morceau de barbaque indéterminée, avec ……des frites, enfin, une dizaine. Incroyable pour des gamins d’aujourd’hui qui vont en gaspiller un sachet à chaque fois qu’ils vont jouer au toboggan dans une enseigne américaine, et encore en les saupoudrant de cette saloperie de ketchup ou de mayonnaise….. une véritable hérésie…..passons .

Mais il faut en revenir au sujet. Donc, en ces temps d’après guerre, tout manquait. Les cultures avaient été en partie détruites, le marché noir sévissait encore sûrement et avant tout il fallait produire pour nourrir toutes ces bouches affamées. Donc, on a laissé faire, question de priorité, peu importe le flacon pourvu que le ventre soit rempli.

Avant, les paysans travaillaient dur pour tirer de la terre les meilleurs produits. Les engrais n’étaient que naturels, je me rappelle encore de ces plants de tomates qui poussaient tous seuls, pendant ma période ‘séminariste’, à la sorties des gogues qui débouchaient à l’air libre dans un petit ruisseau le long duquel les graines poursuivaient leur dernier voyage, enfin, à l’air libre, pour trouver un peu de terre pour enfoncer leurs racines et restituer des fruits magnifiques, histoire de certifier que rien ne se perd.

Plus bio …tu meurs !

Donc les paysans d’alors produisaient bio sans le savoir, avec amour et avec sueur pour tirer le nectar de leurs semences en produisant des légumes et des fruits dont nous n’arrivons plus à nous souvenir du goût et dont les plus jeunes ne peuvent même pas imaginer celui qu’il avait …

Je sais, ça fait vieux con, mais je persiste et je signe, aujourd’hui un abricot n’a pas le goût d’abricot et celui d’une pèche me fait pleurer  !

Le purin, les engrais naturels à base d’orties……les vaches crottées qui labouraient les chemins avant de les tapisser de leurs bouses grasses et verdâtres dans lesquelles se prélassaient des myriades d’insectes parasites qui allaient ensuite ensemencer les champs de leurs déjections bénéfiques, les chevaux qui tiraient les chariots qui ramassaient le fourrage pour l’hiver et ces odeurs de la campagne où se mêlaient crottins de chèvres, arômes porcins et relents de basse-cour ou de clapiers parfumés aux lilas ou rosiers sauvages….

Mais c’était avant !

Alors sont arrivés des ingénieurs avec leurs stylos, leurs engins motorisés roulant sur des chemins goudronnés parfumés au fioul et leurs arômes ‘diesélisés’, avec leurs budgets prévisionnels, avec leur rendement et leurs engrais, avec leurs produits pour nettoyer les sols et prévenir les maladies, pour tuer les insectes …pour produire à outrance sans s’occuper de la santé de la terre .

Alors les insectes se sont armés pour résister, alors le sol s’est appauvri, alors il a fallu plus d’engrais pour produire, alors il a fallu plus de produits pour stériliser la terre et la fertiliser ensuite …..

Alors la terre s’est plus occupée d’elle-même que de ce qu’elle produisait, alors elle a négligé de donner ses parfums aux cultures puisqu’on n’exigeait que du rendement, alors elle s’est perdue dans la production insipide…… mais moins chère. Enfin, c’était au début !

Donc on a produit plus vite et beaucoup plus pour gagner plus sur la quantité en oubliant la qualité ! On l’avait gavée de merde, elle vomissait alors des ersatz de fruits et légumes.

On avait oublié très vite de produire pour vendre moins cher .

De la merde pour de la merde …

A force de bouffer de la merde, le goût du bon s’est perdu.

A force de ne plus cuisiner, je ne jette de pierre à personne, je constate, certains n’arrivent même pas à reconnaître un légume, un fruit ou un poisson frais. A force de bouffer des hamburgers ou des pizzas, certains ont perdu le véritable goût de la nourriture simple et fraîche, à force de bouffer de la merde, ils en arrivent à ne plus aimer ce qui est naturel et alors les produits authentiques ou les plats traditionnels disparaissent doucement et …..je pleure …..comme le poisson carré dans son beurre trafiqué!

Mais tel un zorro revisité, le bio est arrivé en surfant sur la vague de la connerie commerciale.

Si c’est pas cher, c’est pas bon, mais si c’est cher et naturel c’est bon parce que bio !

Imparable comme syllogisme à la con !

On a redécouvert les cultures d’antan, celles dont on a mis des années à détruire, à grands renforts de modernités économiques.

Avant on produisait bon, mais c’était cher, enfin tout est relatif, c’était cher pour l’époque , putain, lorsque tu vois les prix d’aujourd’hui, lorsque le prix en euros est devenu celui du prix en francs, tu te dis que c’était donné.

Si on m’avait dit qu’un jour j’allais payer le journal du dimanche un euro cinquante ou bien un croissant un euro ou une baguette quatre vingt cinq centimes……..

Et donc, aujourd’hui, on pense que tout est cher, cependant le consommateur est devenu con à force de se laisser manipuler par les grandes enseignes et par une méconnaissance totale des produits. Il faut dire, pour sa défense, que l’affichage des produits est fait de telle façon que si tu n’as pas un bac plus cinquante, que si tu ne parles pas dix langues et que si t’es pas capable de faire la différence entre une banane et un concombre vaut mieux acheter des produits emballés vendus vingt fois plus cher.

Et oui, les fruits sont beaux et brillants, exempts de toute marque douteuse, bien calibrés dans des barquettes, bien rangés par taille et par couleur, comme les fraises rouges et dures…. mais sans goût, que si t’en fais tomber une chez toi, tu peux dire adieu à ton carrelage, les salades, hors de prix, sont magnifiques..le premier jour…. mais pourrissent au bout de deux, et je ne parle pas des patates ou autres légumes devenus insipides…….mais aussi cher qu’avant où ils étaient bons !

Alors, donc, les biomen sont arrivés avec leurs cahiers des charges, avec leurs promesses et ils ont commercialisé les fruits moins beaux et pas calibrés en les pressentant dans un nouvel emballage vendeur plus proche de certains bobos idéalistes à la recherche d’un bien être sans produits toxiques ……..alors sous le couvert d’une nouvel art de vivre, plus près de la nature, on a vu surgir des salades tachées, des pommes moins rondes, des poires bio venues d’Argentine, des pommes sans pesticide déclaré, venues d’Égypte ……….. putain, les produits sont bio mais pour les faire venir sur les étals, je vous dis pas la pollution.

Mais surtout lorsque tu sais que même les sportifs ‘normaux’ sont des malades ‘soignés’ tu peux avoir des doutes sur la qualité de tous ces fruits et légumes déclarés non trafiqués ! Bio par ci, bio par là……bio dop , humour codé !

Avant de faire du bio, il faudrait savoir produire du bon, il faudrait arrêter de vouloir des fraises en janvier, des tomates en février et des pèches en mars, il faudrait vivre avec la nature, ne plus gaspiller et redevenir intelligent !

Il faudrait revenir à la base, éduquer les gens et leur apprendre à reconnaître une courge d’une courgette de Nice, une salade d’une betterave, ou une banane d’un concombre .

Il faudrait que certains apprennent qu’un poisson n’est pas carré et qu’on ne bouffe pas des frites avec du ketchup, mais putain la route est longue, je serais mort avant qu’un de mes arrières petits enfants connaissent le goût d’une chichourle, vatche de pute !

Bon, je m’arrête, je râle, je m’excite, ma femme m’engueule, et ma banane se fout de la mienne pendant que ma malaga fond . Tout fout le camp, nous sommes en novembre, il fait chaud, le soleil cogne, et je déguste une glace en bronzant, merde, est-elle bio ou halal ou casher ? 

5 réflexions au sujet de « BIO ! »

  1. Bio, c’est aussi une attitude de bon sens, proscrire les pesticides mortifères et les plantes génétiquement manipulées, reconstruire les haies autour des champs pour conserver l’humidité et les insectes butineurs et surtout interdire la brevétisation du vivant…

    1. Et quel organisme peut certifier le cahier des charges ?
      https://magazine.laruchequiditoui.fr/qui-tire-les-ficelles-du-bio-les-secrets-de-la-certification/
      On nous promène car dès que les vérificateurs sont passés…………
      Merde je cultive un petit jardin, j’essaie de le faire le plus près de la nature pas d’engrais, par de produit mais qui va enlever les petites chenilles, les pucerons, les cochenilles avec les doigts…faut pas déconner si tu as une attaque massive et si tu ne fais rien, ta récolte est foutue et si c’est ton voisin qui traite, t’es plus bio !

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