PAPA !

Elle l’appelait papa !

C’était son père…quoi de plus normal.

Mais voilà, son papa était aussi un père, les autres aussi l’appelaient mon père et pourtant, il ne l’était pas …

A 87 ans son papa est mort, c’était un jeudi, ou peut-être hier, elle ne le savait pas, c’est un passage spécial pour mes amis de la culture qui comprendront, et je leur adresse également le bonjour, cela fait pas mal de temps que je ne l’avais fait, nonobstant mes envies, il était le père de ses paroissien, vous l’avez deviné, c’était un cachottier, ou un hypocrite suivant que vous soyez bedeau ou athée, donc son papa était un abbé, souvent abaissé pour s’agenouiller ou pour s’encanailler et qui célébrait messes et mariages dans sa robe du dimanche, avec des pater et des avés, des chants et de l’eau bénite, mais qui trompait son seigneur avec une fille de dieu sans doute troublée par son mysticisme sous-jacent, ou ses atouts et atours dévoilés…… ah, le prestige de l’uniforme…..

Tout le monde le savait, des fourbes thuriféraires aux évêques hypocrites, mais cet amour secret restait caché pour ne pas déplaire à la masse des moutons consacrés, oui, je peux penser le contraire….comme c’est à peine caché.

Et donc, à la mort de cet homme qui avait osé mélanger la vie des saints et les seins animés d’une croyante, l’église, qui s’était toujours sentie obligée de fermer les yeux par peur d’un scandale qui aurait pu fragiliser ses piliers, et qui avait tenté de l’envoyer dans une paroisse de pénitence en Afrique, l’éloigna à Toulouse pour tenter de le ramener dans le droit chemin, en oubliant sûrement que tous les chemins ne mènent toujours pas à Rome, et en omettant l’histoire un peu ambiguë de Jésus et de la pécheresse Marie-madeleine, à peine censurée par des textes trafiqués, mais il restait cependant un témoin, l’enfant née de ces amours interdites, et les aficionados du Vatican se crurent donc presque obligés de faire une grosse fiesta mortuaire dans la cathédrale de Saint Jean-Baptiste de Perpignan, histoire peut-être de monter que rien ne s’était passé et d’ailleurs en ne permettant même pas à sa fille de s’exprimer, puisqu’elle était née de père inconnu…..

L’histoire pourrait se terminer là..tant de lassitude devant des hommes qui s’habillent en femme pour mieux les trousser après avoir connus leurs turpitudes et leurs attentes les soirs de confessions intimes où leurs maris les attendaient au bar en face la chapelle ….

Mais le père infidèle à ses vœux de célibat et d’abstinence, sans doute lassé de voir ses mains travailler en vain, et qui finit par utiliser d’autres arguments pour arriver à ses fins et combler sa faim, et faire sourire son petit Jésus jusqu’à l’extase,tous les moyens sont bons pour atteindre le septième ciel, disposait d’un petit pécule et dans une sorte d’élan de sincérité, voulu rétablir la vérité et ne pas léser celle qui était sa descendante et le résultat de ses amours interdites.

Il faut dire que sa fille, une professeur de collège de 42 ans pouvait espérer toucher une sorte de Pretium Doloris pour son enfance volée, la privation de l’affection d’un père, etc….car même si ce père n’avait jamais voulu la reconnaître, tout en la faisant sa légataire universelle, cet héritage s’élevait à quelques 450 000 euros…..une paille dans l’eau du bénitier, puisque dans un second testament son papa en avait fait don de la moitié au diocèse….(Testament rédigé dans un Ehpad du diocèse, où le prêtre avait été admis peu de temps auparavant. Un expert psychiatre a diagnostiqué un état de ‘démence’ ne permettant pas à M. Camps(notaire du clergé) l’élaboration d’un testament.)

L’église veillait au grain et ne voulait pas qu’une poule non vaccinée puisse se servir dans sa mangeoire sacrée, en utilisant même une sorte de deus ex machina.

Alors l’enfant cachée par un père cachottier hésitant entre l’amour sacré et celui d’un corps dénudé se sentit une nouvelle fois spoliée par une église qui voulait manger à tous les râteliers .

Enfin, la fin finit comme un conte de fée….le nouvel évêque préféra jeter l’éponge et abandonner la poursuite de la quête du Graal terrestre.

Cependant il faudrait un peu réfléchir et je voudrais jouer le rôle de l’avocat du diable, vous connaissez mon orientation religieuse, mais juste une larme de parfum jésuitique dans la chantilly de ma banana split.

Il est possible que l’église ait voulu s’accaparer l’héritage, et qu’elle ait décidé de faire machine arrière par peur du scandale, mais rien n’est clair .

Pas si simple……Ce papa Lucien non plus …..

Il ne s’est pas occupé de sa fille, sa mère aide-soignante subvient seule à leurs besoins, il voulait le beurre et l’argent du beurre, le soir dans le lit pour le plaisir, et le dimanche à la messe pour bosser, il se cache et donc, visiblement, se contente de cette situation sans penser un seul instant aux vies gâchées de celles pour lesquelles il a écorné sa vocation.

Sa fille souffrait d’être privée de son père, mais que penser de celui qui faisait souffrir sa femme et sa fille au nom d’une croyance à laquelle il ne croyait plus ?

Ce n’est pas une question religieuse, à partir du moment où s’il pensait s’être trompé sur sa vocation, c’était à lui de jeter l’éponge. On ne peut pas accuser l’autre de ses propres hésitations et turpitudes….. Il pouvait se contenter de croire sans accepter les contraintes du qu’en-dira-t-on, il n’a jamais choisi ..C’est un peu l’histoire d’un antimilitariste qui s’engage dans l’armée.

Qui a-t-il trompé : dieu ou les hommes ? Un dieu invisible ou sa femme et sa fille qui n’avaient rien demandé . Il a rejeté ses erreurs philosophiques, spéculatives et religieuses sur des êtres vivants en leur inoculant son péché mortel…..et en accusant l’église.

Ce n’est pas le silence de l’église, c’est celui d’un homme indécis qui recherche le parfait et la vérité sans se rendre compte qu’il fait le mal en acceptant le mensonge.

Mais cette histoire n’est que celle des hommes !

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