SOUVENIR

Je le tiens dans mes mains, marron orangé, couleur un peu passée, il parait qu’il existe en d’autres coloris. Certains ne pourront pas comprendre, d’autres ne pourront même pas savoir de quoi je vais parler. Pavé de quelques mille huit cents pages, je l’ai souvent compulsé. Souvenir de mes jeunes années, réminiscences d’un temps passé, vestiges oubliés qui remontent de ma mémoire et se laissent dépoussiérer chaque fois que sur un dictionnaire je feuillette, ou je relis ces pages roses qui me font encore vibrer.

Depuis la sixième où quelqu’un me l’a prêté, depuis l’année suivante où il a fallu l’acheter, il a hanté ces soirées particulières, ces périodes d’examens, où nous devions déchiffrer cette langue qui allait enfanter celle que nous parlons aujourd’hui. C’était un peu snob, il est vrai, de toujours avec nous l’amener, même pendant les examens nous pouvions le consulter, il nous différenciait des modernes, des matheux, des barbares.

C’est vrai que nous le compulsions avec frénésie, tentant d’y trouver quelques passages, quelques lignes qui pouvaient nous différencier un ut d’un quid ou de je ne sais quelque autre quidam qui se mettait sur notre route pour nous empêcher d’avancer.

César, Cicéron, Salluste, vous qui m’avez fait chercher, dans ses pages, vos textes compliqués et expliqués, grâce à lui, vous êtes encore et toujours, les vestiges, témoins des souvenirs de ce temps passé !

A, ce cher Félix, comme tu nous as aidé, combien d’entre nous se souviennent de ton nom, avec émotion, avec reconnaissance, combien ont béni ta présence ?

A, ce cher Gaffiot, tu es entré dans notre vie, tu étais notre compagnon, notre référence, il n’était pas question de traduire sans ta présence.

Alios divitiae, alios honores delectant.

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