Sommes nous un pays de pleureuses ?

Dans les temps anciens, que les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas connus, enfin, je veux parler de ceux qui viennent de fêter quarante ans, les hommes avaient été élevés dans le respect d’une valeur de virilité propre à un être énergique, protecteur, qui ne manifeste pas ses sentiments et surtout qui ne pleure pas pour ne pas afficher ses faiblesses.

De nos jours l’homme s’est complètement transformé, en manifestant sans pudeur son côté féminin, tant attendu par les nouveaux psychologues qui espèrent pareillement que la femme deviennent l’égale de l’homme. Bref on voudrait que l’homme ne soit pas gêné par ses pleurs mais que la femme diminue les siens, c’est une image.

L’homme moderne doit donc presque pleurer pour réveiller le côté féminin qui dort en lui et se rapprocher d’un individu possédant en substance les caractéristiques des deux sexes.

Cependant, il y a toujours un ‘cependant’ ou un ‘mais’, il y a des situations qui me gonflent.

Ces sportifs qui se veulent presque des robots de puissance et qui fondent en larmes parce qu’ils gagnent une épreuve, ces fouteux qui pensent être des dieux, et dont les yeux coulent parce que leur baballe finit au fond des filets, ces concurrents de Pol-anka qui jouent les supermen et qui chialent comme des bébés lorsqu’ils passent quelques jours sans voir leur femme, ces candidats de jeux télévisés qui se mettent à se frotter les paupières dès qu’ils répondent à une question dont ils croyaient la réponse difficile.

Mais j’avoue que les médias nous poussent à ces démonstrations larmoyantes, il suffit de voir la profusion de ces émissions de téléréalités où on vous invite à venir chialer en direct et par conséquent à faire de même dans les chaumières. On rajoute des éléments favorables, avec des enfants, des vieux et des malades pour venir s’épancher plus ‘bancablement’, en faisant monter le fameux taux d’audience, et si ça continue, un de ces jours il va y avoir un ‘miracle’ en direct live et la télé, avec un autre créneau, sera devenue le Lourdes des temps nouveaux, remarquez aux states, cela doit exister puisque de nouveaux prophètes ont très bien compris l’avantage qu’ils pouvaient en tirer sur les nouveaux gogos en recherche d’ésotérisme low cost .

Merde, il faut tout relativiser et ne pas galvauder les sentiments. Ce n’est parce qu’on gémit pour n’importe quoi qu’on est devenu un sentimental, ou un tendre. On ne devient pas émotif sur commande simplement parce qu’on se sert d’un mouchoir.

A fortiori, ce n’est pas parce qu’on ne pleure pas qu’on est insensible.

Mais nous sommes en train de devenir des assistés qui se réfugient dans les bras de l’état providence dès qu’ils ont une petite contrariété parce qu’on ne leur a pas dit que l’eau mouille, que le feu brûle, que la voiture est un engin dangereux, parce que même s’il n’y a pas de parapet, se pencher dans le vide est risqué, et que s’il n’y a pas la police on doit respecter un sens interdit, et enfin, que dire qu’on ne savait pas avec les yeux humides n’est pas une réponse valable.

Mais effectivement, je pense qu’à force d’être des assistés en puissance, nous sommes devenus des pleureuses !