FLEGME !

Flegme britannique ou je-m’en-foutisme général !

Un fait divers significatif de notre société.

Nous sommes en Angleterre, dans un kebab, au premier plan, un homme, assis, écouteurs façon fouteux visés dans les oreilles, sa main droit picore des morceaux de kebab étalés dans son ersatz d’assiette cartonnée, pendant qu’il excite nonchalamment son portable de la main gauche, sans regarder ce qu’il bouffe. Tout y est. Un mec déconnecté, avec des trucs connectés en décor, dans son monde, totalement isolé de la réalité extérieure, est réduit à l’état de zombie revisité momie moderne.

Une altercation éclate entre les employés et des clients mécontents qui n’avaient pas de sel. Le ton monte, des coups partent, une femme s’interpose, en servant de bouclier à celui qui semble être son copain, il jette un œil distrait à cette scène qui lui semble comme sortie d’un jeu vidéo. Il y a même un combattant masqué qui tente d’inculquer sa façon de voir en enfonçant ses idées à grands coups sur la tête de l’adversaire, mais qui s’enfuit dès qu’il sent des représailles arriver, néanmoins, imperturbable, notre touriste flegmatique continue de finir sa gamelle sans lâcher des yeux son écran diabolique qui l’anesthésie en lui faisant prendre des vessies grillées pour des lanternes imaginaires à la sauce téléréalité .

Le mec doit être en train de penser à la faim dans le monde, ou dans une micheline à cogiter sur la fin du monde, ou alors il est perdu dans ses réflexions métaphysiques sur la dénomination de son sandwich appelé grec par des béotiens iconoclastes qui croyaient que c’était un pan bagnat avec de la viande grillée, ce qui est une hérésie, il faut le souligner, il faut seulement du thon, dans le bagnat, bref, il est totalement dans son trip et pense qu’il est dans une vidéo et discrètement il cherche les cameras de surprise surprise, sans oublier de tremper ses frites dans une infâme sauce rougeâtre qui ressemble à du ketchup, un véritable sacrilège pour ceux qui préfèrent la mayonnaise, au fait, il y a aussi des olives dans le pan bagnat, puis il se dit qu’il vaut mieux rapidement terminer sa bouffe avant qu’un connard ne vienne foutre ses pattes dans son écuelle et il continue imperturbablement de se foutre totalement de ce qui se passe, peut-être même est-il légèrement gêné par les cris de ces cons qui peuvent importuner sa digestion, mais ce n’est qu’une supposition hasardeuse de ma part, puisque je préfère et de loin le pan bagnat avec des tomates, et pas des espagnoles, c’est une question de goût, remarquez, un kebab bien préparé, mais pas dans ce genre de boutique, ça se discute, mais au calme…….

C’est un passage banal de la vie ordinaire. Je me demande si les écouteurs ne rendent pas aveugle, mais les gens ne mangent plus chez eux et bouffent n’importe quoi et ensuite on s’étonne qu’ils grossissent, en plus on néglige trop souvent les cinq fruits et légumes, et c’est intolérable !

2 réflexions au sujet de « FLEGME ! »

  1. je-m’en-foutisme général oui ! Je pense à mon enfance et mon adolescence sans portable, mais avec de vrais copains qui sont les amis pour la vie, des vrais en nombre restreint mais pas les « amis » de pacotille des réseaux sociaux, je pense à ma jeunesse sans tablette qui transforme en zombis incultes, impolis, irrespectueux etc…. qui vous cartonnent dans la rue sans s’excuser et même au besoin vous enguirlandent parce que vous ne faites pas assez attention. C’était mieux avant non ? Quand on avait à faire avec de vrais êtres humains. Zut ! je suis ringarde, entre dans le nouveau monde ma fille !

  2. Décidément, tu déniches des faits quelque peu spéciaux. L’indifférence de cet homme en train de manger relève d’un appétit que rien ne peut perturber. Soit il est sourd, soit il préfère ne rien voir ni entendre. Une surdité spectaculaire s’il en est. Évidemment, il est accroché à son portable, le nouveau sésame pour fuir la réalité. Ils sont nombreux (surtout des jeunes) à ne plus savoir vivre autrement. C’est très agaçant. Comme si toute leur vie se résumait à ce nouveau jouet (bien pratique, mais tout de même…) : ils ne vivent plus que par lui (contacts, infos, jeux, films et même lectures). Comme si le monde extérieur à l’objet n’existait plus. J’appelle cela des tronches lessivées.

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