Histoire d’une rencontre étonnante  !

J’arpentais tranquillement le petit chemin qui borde une des rivières qui traversent mon village pour aller chercher mon pain quotidien. Je laissais la petite église sur ma gauche et je longeais la cour de l’école maternelle.

Des armées d’automates me croisaient, des robots avec leurs radars oculaires rivés sur leur portable, les doigts en érection, la démarche saccadée, avançaient sans voir, sans lâcher leurs yeux aveugles de cet exterminateur de vie sociale….. alors je me posais des questions sur ce monde qui se délitait sous l’effet des améliorations techniques qui rendaient les hommes esclaves en leur faisant miroiter un progrès utopique qui leur promettait une liberté tout aussi chimérique.

Je pensais à ces nouveaux zombies téléguidés serrant convulsivement leur drôle de boîte qui devait leur servir d’outil de communication, alors qu’elle ne faisait que les replier sur eux même en les coupant du monde extérieur, et même jusqu’à leur faire oublier qu’il y avait des êtres vivants autour d’eux !

Des femmes, venues attendre leur rejeton, étaient assises sur un banc en face de la sortie, mais aucun bruit ne s’échappait du groupe car chacune tapotait presque frénétiquement, perdue dans des pensées lointaines pour lire ou envoyer des messages absurdes pour combler le vide d’une vie dépourvue de l’authenticité qui avait laissé sa place à la virtualité.

Je souriais en moi même en continuant mon chemin, et soudain, j’aperçus, dans une voiture arrêtée, une femme qui devait aussi attendre l’heure de la sortie, et qui tenait dans ses mains un objet bizarre dont elle semblait apprécier le contact.

Sous le coup de la surprise je laissais échapper un cri mêlé de stupéfaction et d’interrogation qui s’ajouta à l’étonnement de la dame assise, elle même stupéfaite par ma réaction.

Mais oui, point de tablette ou de portable, cette femme tenait entre ses mains……un livre !

Je lui en faisais la remarque en expliquant mon attitude fort médusée .

Je ne sais pas dire ce qui avait déclenché chez moi ce syndrome de sidération entre l’absence de portable ou la présence d’un livre…… le temps s’était arrêté ou peut-être avait il reculé ?

Mais alors, il existait donc d’autres personnes qui n’étaient pas possédées par le portable !