LE JOUR D’APRÈS !


Après quoi ?

Rétrospective posthume.

Je voudrais vous parler du jour d’après, celui qui vient juste terminer la vie d’avant.

Vous allez me dire que je fais une fixation, mais pas du tout. Il faut ouvrir les yeux enfin, c’est une image……. à la fin, on les ferme.

Évidemment vous avez dû, un jour vous retrouver dans un crematorium ou dans une église pour accompagner un ami ou un membre de votre famille, à ce fameux jour d’après.

Je fais abstraction de toute considération religieuse pour n’envisager que le côté humain. Je ne parle ni de crémation, ni d’enterrement……. ce qui reste totalement personnel.

Il y a le cercueil au milieu, des gerbes de fleurs, une musique sacrée ou profane, des spectateurs recueillis, ou pas, qui écoutent en silence ceux qui parlent du défunt et qui quelquefois ne l’ont pas connu, mais qui se lâchent sur des phrases dithyrambiques en osant presque une apologie de circonstance pour recueillir des pleurs et des gémissements et les ricanements intérieurs de ceux qui le connaissaient et sans doute faire pouffer de rire celui qui vient de mourir s’il pouvait le faire parce et qu’il n’avait jamais entendu dire tout ce bien sur sa personne, et c’est sans doute pour ça qu’on parle de regrets éternels…….

Rien de plus horrible que toutes ces mascarades et ces transformations de la réalité pour embellir ce départ .  Comme vous, j’ai assisté à de nombreux enterrements et j’en suis sorti totalement déprimé. Un avant goût de la suite et sûrement dégoût de mourir !

Alors je me suis dit que la charité bien ordonnée commençant par soi-même il valait mieux ne confier à personne le soin de se mettre en scène, de son vivant, et planifier ce dernier acte de sa vie.

Putain, confier à un inconnu le soin de parler de vous est absolument absurde, quelle indécence, mais on se dit toujours qu’on va s’en occuper soi-même et puis…..le temps passe…..on oublie et….. on meurt. Négligence. Je préfère me servir mes propres vannes !

Premièrement, il faut penser au fond sonore…très important…..une musique que vous avez aimée, quelque chose qui vous représente, c’est un choix personnel ..l’emballage, il faut le soigner.

Ensuite, attention, comme on commence à écrire sans connaître exactement la date de sa mort, personne n’est parfait, on réalise très vite que peut- être, à l’inverse de ces cérémonies dont on déteste le décorum superfétatoire, on peut aussi tomber dans l’exagération opposée.

En effet si le départ ‘tarde’, il se peut alors qu’il y ait dans l’assemblée moins de personnes qui vous connaissent que de celles venues pour une quelconque obligation, et dans ce cas, tout peut tomber à l’eau….Humour.

De là à tout arrêter….non, car il y a une solution, certes hypothétique, mais envisageable……c’est à dire de ne pas mourir centenaire.

La vie est con, d’ailleurs elle finit mal, mais c’est le principe qui m’a toujours énervé . Lorsque j’étais plus jeune, on discutait, cigarette au bec, et oui, j’ai fumé pour faire plus intello, c’était dégueulasse, mais il fallait entrer dans le moule, alors on se shootait de philosophie, façon Hara-kiri et Planète, teintée de la métaphysique chocolatée du Matin des Magiciens, et on se prenait pour des lumières, et on se gargarisait de ‘où vais-je’, ‘d’où venons-nous’, en lorgnant vers les mini-jupes des filles, tout en écoutant le dernier tube à la mode, mais personne n’avait jamais abordé le Pourquoi !

Merde, pourquoi un dieu d’amour nous a-t-il foutu dans une telle merde, en disant nous aimer ? Pour quelle raison obscure nous a-t-il crées si imparfaits ?

Et en plus, suprême raffinement, il nous a tiré de la terre, nous a donné des outils, nous a appris à les utiliser, à devenir plus sages, plus tolérants pour ensuite nous laisser pourrir comme de vulgaires déchets inutiles, tout en nous parlant d’amour ?

Je m’écarte du sujet, mais pourtant…… c’est une dernière réunion un peu particulière, elle offre un peu de vie après ma mort.

N’oubliez pas de remercier le public, en espérant secrètement, dans un sourire posthume, une dernière érection spirituelle terrestre, que quelques personnes aient lâché des larmes.. ….

Parlez aussi d’un monde nouveau, soyez légèrement mystique, m’enfin comment imaginer un Éden extraordinaire sans souffrance, empli de bonheur de joie et de félicité, un jardin paradisiaque…….. sans ses amis et sa famille, et puis, merde comment faire confiance à un mec qui a laissé des comiques diriger son entreprise sans rien faire depuis plus de deux mille ans ……

Enfin, restez sur une note de regret, en effet le seul qui ne soit pas au courant de sa mort, c’est vous…..alors…….improvisez …….n’oubliez pas de glisser une petite pensée personnelle à chacun de vos amis, à ce sujet vérifiez toujours s’ils sont encore en vie…..

Vous allez devenir une sorte de silhouette sur une photo jaunie, dont plus personne dans quelques années ne se rappellera le nom, une ligne sur un arbre généalogique dont les générations futures se foutront totalement, bref, comme vous êtes apparu un jour, vous allez disparaître un autre ….

Alors, à quoi bon en faire des tonnes, à quoi bon parler d’un grain de sable qui n’a servi qu’à transmettre le témoin de la vie aux générations suivantes. …

D’ailleurs, maintenant, je me demande si tout ce tralala est vraiment important et si un discours funèbre, triste à mourir ne va pas emmerder tous les assistants qui ont sans doute d’autres choses plus importantes à faire…comme vivre….ou regarder Netflix, alors je crois que je vais donc continuer de retourner aux crématoriums et aux chapelles en râlant sur tout ce pinaillage inutile et encore me faire engueuler par ma femme qui me demande toujours si j’en ai pas marre de toujours raconter des conneries !

Putain, lorsque sur les tombes, dans les cimetières, les épitaphes fleurissent, je comprends maintenant les plus laconiques, et j’ai une petite préférence pour la définition de L.Campion, un de mes maîtres, pour beaucoup de raisons  :

« Quelques vers sur beaucoup d’autres. »

Au fait j’espère que vous aimez l’humour…noir !

 

4 réflexions au sujet de « LE JOUR D’APRÈS ! »

  1. Après tout , qu’importe ? On ne sera pas là pour voir. Qu’ils disent ce qu’ils veulent , peu me chaut , ou me chaudra ? me chaloira ? Bref , je m’en foutra quand je ne serai plus là. On a suffisamment de soucis sur terre , je ne veux pas les emporter sous terre.

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