Benoite accélère, la béatification est annoncée, le procès peut commencer, mais il fallait un miracle.

Qu’est ce qu’un miracle. Un truc incroyable, par exemple que la France gagne la prochaine coupe du monde de foot, que je gagne à l’euro million,  puisque je n’y joue pas, que Jean-Marie rentre dans les ordres, quoique, il n’y a pas d’incompatibilité. Mais il faut qu’il y ait une intervention divine. Comment savoir. Par exemple, si je gagne au loto, il faudrait un autre miracle pour prouver que je le doive à une intervention divine et non au hasard, quoique le hasard pourrait être un dieu, le dieu des joueurs, mais il faudrait prouver qu’il existe et il faudrait un miracle pour attraper monsieur hasard sur le fait. Putain, on ne s’en sort plus. En plus, allez savoir si le dieu du hasard n’est pas une femme, par hasard. Bouh. 

Et si le miracle n’était qu’un mirage, un miroir aux alouettes, là je vous dirais stop, il ne faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des alouettes sauvages.

Je vais en revenir au miracle. Je pense qu’avant, il en fallait trois pour une béatification, mais les moyens pour vérifier leur authenticité augmentant, il a fallu resserrer les boulons et un seul suffit maintenant. Un petit lumbago qui s’arrête, une claudication qui disparaît ou la vue de la vierge qui veut qu’on lui construise une église ne suffisent plus. Alors, il faudrait se mettre d’accord sur la signification d’un miracle.

Un miracle littéraire ; on prend toutes les lettres de la bible, on les lance en l’air et on a la dernière chanson de Cabrel. Un miracle sportif ; Armstrong gagne le tour de France. Un miracle à Lourdes ; un cul-de-jatte en fauteuil ressort avec les pneus neufs et ses deux jambes. Un miracle incroyable ; un non voyant tombe de la tour Effel sur la tête et continue de chanter.   

Mais putain, considérer qu’une sœur atteinte de la maladie de parkinson et qui s’arrête de trembler soit considéré comme un miracle, non, il faudrait arrêter de prendre les définitions de madame la rousse pour les pare-chocs de la petite à Robert.

En accord avec ma banane, d’un commun accord après une discussion œcuménique qui nous permit de confronter nos différents points de vue, aussi éloignés que l’utilité de préférer la glace malaga à la plombière, comme me le rappelait une gentille lettre pleine de remarques frappées du sceau du bon sens, car c’est vrai, et je venais de m’en rendre compte, j’étais en train de tomber dans l’obscurantisme fanatique et le manque total de tolérance, car obnubilé par ma préférence gustative, j’en avais oublié tous les autres parfums ainsi négligés et je faisais une fixation caractéristique et non moins arbitraire, supprimant d’autres arômes ainsi lésés, et comme vous connaissez mon amour immodéré pour les fragrances glacées et pour les fruits… sans modération, je me rappelle en Argentine,  j’avais opté pour le dessert local, la banane au dulce de leche, dégustée en sirotant le traditionnel maté, la malaga n’ayant pas toutes mes faveurs, malgré une forte colonie italienne, peut-être à cause d’un formatage gustatif européen assez difficile à écorner, donc, cette lettre qui venait de me remémorer un autre parfum que j’avais oublié ; la plombière, cette crème glacée parfumée au kirsch et aux fruits confits, comment avais-je pu seulement la laisser de côté dans l’armoire secrète de mes arômes préférés, nous nous mimes donc d’accord sur l’ explication que nous devions donner à ce miracle qui devait mettre en exergue une action défiant toute explication humaine, toute logique cartésienne, même inexplicable en faisant intervenir des éclaircissements dus aux nouvelles technologies aussi novatrices qu’elles soient. 

Donc, la résurrection d’un mort, d’au moins deux jours, par exemple, devait en être une preuve, sans contestation possible. Voila un miracle digne de foi. Un truc qui ferait la une de tous les journaux télévisés of the world !

Mais putain, il ne faut pas déconner, un miracle ça n’arrive jamais, ou alors, ça serait un miracle !