LA SOUPE !

La soupe et l’histoire de l’être humain  !

La vie est une soupe immonde dans laquelle on nous a plongé sans qu’on ait rien demandé, mais le plus terrible est que nous soyons obligés de la manger.

C’est de là que viennent toutes les inégalités. Il y a ceux qui sont tombés dans une soupe basique, une sorte de bouillon sans saveur, et d’autres qui ont hérité de plats beaucoup plus sophistiqués. Ensuite il y a la qualité et la forme de l’assiette dont découlent toutes les injustices. Le fond et la forme, le contenu et le contenant …..

Alors on peut se demander si nous sommes obligés de la manger et c’est justement là que le piège est magnifique, tordu et machiavélique. On ne découvre la supercherie que beaucoup plus tard….enfin, je ne veux parler maintenant que de ceux qui n’ont reçu qu’une décoction placebo, les autres mettrons peut-être beaucoup plus longtemps pour découvrir que l’apparence est trompeuse, car à la fin, c’est de nouveau un bouillon qui sera servi à tout le monde.

Alors on pourra se poser des questions sur ce passage et se demander justement quel en était le but….si toutefois il y en avait un !

On nous appris de tas de règles, on a tenté de nous enseigner la philosophie pour essayer de faire de nous des personnes cultivées et responsables dans un monde qui justement ne respectait aucune de ces valeurs puisque chaque nouvelle génération les transformait en les remplaçant par d’autres qui étaient mieux adaptées à une nouvelle forme de vie qui utilisait des techniques plus sophistiquées sans pour cependant transformer la nature humaine. Tout le décorum s’en trouvait modifié mais l’homme était toujours restreint à son espérance de vie qui le limitait dans le temps et les éternelles questions de sa présence restaient sans réponse puisque l’occupation première était toujours de survivre en mangeant cette fameuse soupe.

Des philosophes se sont penchés sur ces préoccupations récurrentes de la présence, des origines et du rôle de l’espèce mais chaque fois tout était remis en questions par de nouvelles hypothèses ou par de nouvelles découvertes toujours aléatoires puisque toujours liées à notre court passage.

L’homme n’est qu’un infime partie d’une seconde de l’espace de l’univers qui est lui-même par définition incommensurable alors tous ses problèmes et ses questionnements sont liés à son échelle et par conséquent microscopiques et ne peuvent en rien entraver ni même influencer la marche du temps et donc seulement agir sur l’infime période de la vie de cette poussière de terre qui se promène dans l’espace.

Croire à la puissance de notre esprit ne serait peut-être qu’un délire orgueilleux

Alors à quoi pouvons-nous bien servir ?

Question essentielle qui implique le pourquoi de notre présence.

Pour que notre espèce perdure il faut qu’elle se reproduise, c’est le propre de toutes les formes de vie, et peut-être est-ce le rôle obscur et pourtant primordial conféré à chacun de nous : servir de lien pour transmettre la vie .

Et c’est à ce moment là que la métaphore de la soupe va prendre toute son importance .

Tout ce que nous avons amassé pendant notre vie, aussi bien les biens matériels que spirituels se révèlent en définitive avec le temps comme des choses inutiles et futiles puisque la principale activité s’est résumée à la recherche de notre soupe journalière et au repos quotidiens qui ont pris le maximum de notre temps . Nous sommes partis de zéro pour revenir au même point à la fin de notre parcours, avec comme terrible constatation que nos bagages pour le voyage final sont restés sur le quai, et que nous quittons ce monde comme nous sommes arrivés, nus et sans mémoire ….ce qui est d’autant plus frustrant que justement cette vie nous a donné des outils pour nous perfectionner et qu’au dernier moment elle nous les enlève ….suprême pied de nez à notre orgueil, à notre dignité et à notre existence.

Rien de ce que nous avons cru important ne servira …… cruel constat !

On ne nous a rien demandé pour venir nous asseoir à la table de la vie et on retire notre chaise sans notre avis sans jamais avoir répondu à nos questions .

Seule va demeurer, pour ceux qui restent et qui subiront à leur tour cette constatation ambiguë, cette question tragique : pourquoi avons-nous dû subir cette épreuve ?

La survie de l’espèce en est-elle la seule raison ? Une raison qui blesse notre amour propre …. en nous réduisant à l’état de simples animaux évolués doués d’une raison primaire .

La nature est le seul maître de notre monde et elle tente toutes les hypothèses pour peupler sa surface, engraissée, pour se nourrir, par tous les restes des espèces qui l’ont peuplée et qui se croyaient les plus importantes et immortelles.

Seule l’humilité devrait être notre point d’orgue pour nous permettre ‘ce vivre ensemble’ totalement éphémère alors que nous avons toujours parlé de puissance temporaire et de durée dans le temps, nous avons toujours voulu laisser une trace dans le livre de l’histoire, alors que la seule chose qui va rester de nous sera une pierre commune qui va abriter temporairement la trace des restes de notre identité, et ce qui est d’autant plus bizarre c’est qu’en parlant toujours d’éternité nous ne faisons que saccager sans vergogne pour un plaisir égoïste ce que la nature a mis des années à construire pour nous le laisser en héritage. Ce qui veut dire que nous sommes sûrement passés à côté de tout ce qui était vraiment important .

Bref, toute notre vie a été basée sur la construction d’un château de sable au bord de la mer, ce qui a toujours été le leurre qui a empoisonné notre brève apparition en cachant ce qui était important : passer de la meilleur façon possible ces courts instants ensemble, puisque tout ce qui a fait nos différences va disparaître.

Mais même là, nous avons cherché une parade, une solution hypothétique, invérifiable, en plongeant dans le mystérieux et le fantasmagorique pour satisfaire notre ego de démiurge et continuer ainsi le parcours pour tenter d’expliquer le fameux pourquoi . Nous avons bâti des légendes féeriques pour justifier la solution de nos doutes et de nos questions en prolongeant dans ce temps, tout aussi problématique et insaisissable, la continuation de notre existence, pour nous persuader de notre immortalité.

Je voudrais quand même invoquer des circonstances atténuantes pour défendre un peu ce pauvre humain jeté dans une aventure sans issue, car il lui faut d’abord survivre, et les bonnes résolutions prises sont toujours dissoutes dans la triste réalité de cette lute pour subsister qui nivelle ses priorités spirituelles.

Nous ne sommes que des microbes qui veulent se prendre pour des dieux mais de temps en temps des virus viennent nous rappeler d’où nous venons et où nous allons : vers le néant et l’oubli  !

 

3 réflexions au sujet de « LA SOUPE ! »

  1. Ca fait du bien, Monsieur Riton, de lire de belles phrases riches en vocabulaire. C’est tellement rare dans la blogosphère. Ou les gens écrivent trois mots (les feignasses), ou il mettent un paragraphe complet sur la gastro de leur chat, sujet hautement intéressant d’un point de vue culturel, historique, en concurrence directe avec la richesse de notre patrimoine, de la société en général. Le texte n’est pas franchement gai, mais… l’époque l’est-elle ? gaie. Je n’ai pas fait de philosophie et je ne me pose jamais de questions existentielles. J’ignore tout de la religion et ce n’est pas à mon âge (64 ans) que je vais m’y intéresser. Le coronavirus a eu ça de positif, c’est qu’il a mis TOUT LE MONDE sur le même pied d’égalité, et je pense que c’est le fond de votre texte. Devant les richesses et les injustices, nous ne sommes pas tous égaux. Devant un virus pandémique, nous le sommes tous. Mais ceux qui croient que dans « le monde d’après » on va tout remettre à plat, concevoir une autre société, basée sur l’humain et non sur l’argent, se trompent. On est trop peu à y croire. Qu’un AUTRE MONDE EST POSSIBLE. La télé lave les cerveaux, les gens n’ont plus la capacité d’analyser et d’entrevoir des solutions, les scientifiques ne sont pas écoutés par les gouvernants qui ne pensent qu’à faire des profits. La société idéale n’existe pas, mais si on supprimait l’argent, ce serait déjà bien. C’est le grand responsable de tous les maux de la société.
    Merci pour votre beau texte, qui devrait être « envoyé » à tous les blogueurs/euses qui n’osent pas (plus) évoquer les grands faits de société et s’enferment dans une sorte de bulle individualiste.

    Riton : Merci pour ce commentaire qui naturellement me fait plaisir ….
    Je connais très bien ces problèmes et j’ai souvent fait des posts sur ce sujet. Justement deux qui sont redemandés cette semaine …

    http://www.ritondecannes.fr/coup-de-gueule/le-francais-toujours/
    http://www.ritondecannes.fr/actualite/age-de-raison/

    Certains lecteurs sont toujours là et c’est ce qui me réjouit d’ailleurs, et même si on écrit d’abord pour soi, on aime bien sûr être lu et surtout recevoir des commentaires dont les idées sont développées, mais je comprends très bien également que dès qu’on a appuyé sur la touche ‘envoi’ le texte appartient à chaque lecteur et à sa sensibilité et c’est justement là que les échanges prennent toute leur valeur !

    1. Merci Monsieur Riton ; je suis sûre que l’on parle le même langage .Je vais cliquer dans les deux liens que vous me proposez aimablement ici.
      Excellente journée !

      Riton: oui, mais le monsieur Riton fait un peu superfétatoire…….

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