LA VIEILLESSE !

La vieillesse devient une maladie !

Les temps changent et nous changent ….

Encore un état en perpétuelle évolution. Nous vieillissons en regardant les autres et nous vieillissons aussi dans leur regard.

Quand j’étais petit, une vieille avait treize ans. Mais dès que je commençais à me poser des questions sur la taille de ma zigounette, une vieille en avait déjà au moins la vingtaine….. mais ma zigounette ne bougeait pas . Enfin, je dis cela pour faire bien, parce que je dois vous l’avouer, qu’entre celles qui avaient deux ou trois ans de plus de mon âge, je parle de mes copines, et celles de trente, ou plus, je ne faisais pas trop la différence.

J’ai commencé à grandir, sans savoir que je vieillissais. Seuls mes vêtements s’usaient et passaient de mode rapidement. Ma mère avait toujours la même figure en se penchant vers moi pour me demander si tout allait bien.

Les mémés et les papys étaient déjà vieux quand j’étais né.

C’est vrai que l’âge n’avait pas trop d’importance, puisque j’étais immortel.

L’adolescence amena de nouvelles questions qui ne troublèrent en rien ma sérénité et mon assurance sur la certitude de ma longévité, ni même avec ces ridicules poils qui poussait un peu partout. La vieillesse était illusoire, rien ne pouvait m’arriver, les autres, seuls, semblaient péricliter en se transformant.

Des rencontres plus sensuelles, des rêves érotiques qui se matérialisaient. Des fantasmes qui devenaient réalité. J’étais toujours immortel mais cependant certaines personnes autour de moi se ridaient, se voûtaient.

Puis des cases vides apparurent sur le damier bien ordonné de ce qui était ma vie, je me posais d’autres questions sur l’immortalité, de moins en moins persuadé de mon éternité.

Je posais un regard plus appuyé sur les personnes qui m’entouraient, décelant ici et là des changements qui me faisaient reconsidérer mes appréciations optimistes, je n’étais plus tout à fais sûr de ne pas vieillir à mon tour.

Et puis, une chose étrange, d’abord imperceptible, comme une maladie à l’état latent, en gestation, commença à atteindre un nombre important de personnes qui accédaient à l’âge où l’on se pose des questions sur la qualité de ses miroirs ou sur la longueur de ses bras, et même sur la puissance des lumières du salon qui commençaient à faiblir.

Cette maladie, sournoise, devint alors épidémie, pandémie.

Autour de moi, certaines femmes rajeunissaient, toutes de la même manière au fur et à mesure que le temps les lézardait. Leur front perdait les rides que le temps y avait creusé, les traces des outrages disparaissaient, leurs lèvres se gonflaient, leurs pommettes empourprées semblaient avoir chassé toutes les marques assassines de cette vieillesse qu’elles désiraient vouloir gommer.

Cette nouvelle maladie du vieillissement éradiqué, annonce cette nouvelle caricature de celles qui ne veulent plus être marquées par les affres de cette décrépitude programmée. Tel un handicap avilissant, elles ne se rendent pas compte qu’elles sont en train de devenir les représentations déshonorantes des canons de beauté qu’elles veulent retrouver……des caricatures animées…..

Des momies aux lèvres de canards, des yeux globuleux inexpressifs, des traits figés, des sourires artificiels qui rendent leurs visages grimaçants. Vieillesse transformée qui se veut oubliée, mais qui les marque encore plus de ces nouvelles tares indélébiles qui leur donnent un air d’appartenir à cette nouvelle forme de la décrépitude masquée.

La voix n’a pas changée, seul reste de leur aspect humain, plus zombies que vieilles, elles errent et se pavanent sans se rendre compte que le temps et les bistouris les ont massacrés. 

Alors, je suis sûr, maintenant, en les regardant ironiquement, que moi aussi, je ne suis pas immortel !

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