La cuisine commence à me soûler !

Enfin, cette nouvelle mode…….tout le monde veut devenir chef, la télé suit et les émissions s’accrochent sur ce train de la télé réalité. Il y a même des mecs qui qui gagnent bien leur vie mais qui pensent être stressés et qui pensent qu’ailleurs on est plus cool, et qui veulent retrouver les vraies valeurs du travail……ça se discute….

Cependant, c’est cette nouvelle conception de la cuisine qui m’agace.

Avant on allait au restaurant pour manger, pour partager un bon repas entre amis, bref, un repas convivial .

La nourriture n’était pas sophistiquée, la présentation n’était pas exceptionnelle, mais l’assiette était garnie, copieuse avec des morceaux appétissants et savamment dosés.

Avant, dans un restaurant, il y avait la salle et la cuisine . Deux mondes totalement opposés qui cohabitaient en s’ignorant presque, enfin en se méprisant quelquefois.

La cuisine préparait les plats et la salle effectuait le service.

Deux mondes professionnels avec leur propres codes .

Leurs chefs en étaient les maîtres.

En cuisine, même le patron du restaurant devait montrer patte blanche avant d’entrer dans le saint des saints du chef cuisinier et ce dernier ne se hasardait jamais en salle.

Le service à la russe, ou au guéridon, était le plus courant. Tous les plats arrivaient de la cuisine portés par un serveur qui les posait sur une table, et ensuite le chef de rang et le maître d’hôtel les pressentaient aux clients puis les dressaient sur les assiettes. Le service était accompli par de véritables professionnels qui devaient servir sur des assiettes préalablement chauffées en exécutant un dressage et des découpages spectaculaires, sans filet, devant le client. Un véritable spectacle qui faisait participer d’abord les yeux des convives en attendant le plaisir de la dégustation.

Une chorégraphie de sommeliers, de commis, de chefs de rang, de maîtres d’hôtel qui exécutaient un ballet pour le plaisir et le bonheur des gourmets.

La salle pouvait corriger les possibles erreurs de la cuisine….. ou sublimer les créations culinaires par une présentation hors classe.

Il faut dire que la salle dominait à ce moment là…… maintenant c’est la cuisine qui a gagné cette sorte de match culinaire.

La salle ne représente plus que les porteurs des créations de la cuisine. D’ailleurs il n’y a plus de service, les assiettes arrivent directement sur la table et les serveurs sont devenus des dockers.

Attention, je ne considère là que les restaurants d’un milieu de gamme ou ceux du haut du panier car pour les autres on ne parle pas de ‘restauration’ au sens noble du terme ! Ceci pour un rapide résumé.

C’est là où je vais commencer mon coup de gueule.

Maintenant certains chefs se prennent pour des décorateurs fleuristes.

Les fleurs c’est beaux, mais ce n’est pas bon…… faut pas déconner !

Arrêtez de me bassiner avec les pensées, les fleurons de dendro sucrés, les capucines poivrées, merde, ce n’est que du cinéma .

Bon, un repas partagé entre amis dont être un moment convivial, qui commence d’abord par la vue se poursuit par l’odorat et se termine par le goût.

Mais je pense que maintenant la cuisine va un peu trop loin. On a oublié que la finalité et la raison principale d’un repas était de manger……

Merde, si tu vas dans un restaurant et que tu paies plus pour de la décoration florale que pour les aliments…, car visiblement le chef passe plus de temps à la décoration de l’assiette qu’à la préparation du plat, la question se pose clairement, est ce qu’on mange plus avec les yeux et avec le nez, quoique, ce dernier point se discute qu’avec les arômes savamment distillés dans le palais ?

Enfin, faut pas déconner on ne peut pas raisonnablement passer autant de temps à dresser une assiette sans que son prix en devienne exorbitant. Ensuite arrêtez de m’énerver en me présentant certains chefs comme des glaneurs qui vont eux mêmes ramasser trois feuilles d’aromates dans un jardin improbable, un panier à la main et reniflant chaque herbette cueillie, avant de la garder ou de s’en séparer, c’est comme si un fleuriste cueillait les fleurs de son magasin chaque matin … arrêtez de me soûler en me faisant croire qu’ils n’ont que ça à faire…..

Certains établissements sont devenus les cathédrales de chefs plus excentriques et égocentriques que les dieux de la cuisine qu’ils veulent célébrer. Tout est dans la démesure, tous les instruments sont estampillés de leur logo, chaque objet de décoration porte les marques d’une publicité qui souligne la renommée internationale du créateur qui a dépassé le grade de chef pour devenir manager …..

La renommée se mesure au prix de l’addition et ce prix est fonction du décorum et du cinéma plus que de la nourriture servie.

Bon, vous allez vous dire, mais putain, qui c’est ce mec là, de quoi parle t-il sans savoir ?

Avec quelques amis, chaque semaine nous jouons au tarot en misant juste un faible droit d’entrée qui grossit forcement à chaque soirée et ensuite nous pouvons donc envisager de nous offrir une grande table suivant l’importance de cette cagnotte.

Ces petites sommes deviennent assez conséquentes et il est facile pour nous de passer une soirée dans un restaurant où nous ne pourrions pas aller en temps normal puisque ce soir là, nous n’avons pas l’impression de payer, grâce à ces sortes d’économies réalisées.

D’autre part, sans trop en dire, je dois vous avouer que la restauration a toujours été mon truc, puisque j’ai commencé à y travailler dès l’age de quinze ans pour payer mes études et que je n’y suis jamais sorti, jusqu’à mon métier suivant. J’en parlerai une autre fois, peut-être…… mais je suis passé dans d’autres pays, puisque, avant, pour monter dans la hiérarchie,  il fallait nécessairement partir et voyager, parler plusieurs langues et connaître d’autres façons d’appréhender le métier……

A suivre …….