Le fout est-il religion, magie, ou cinéma !
Ou les trois en une forme de syncrétisme clownesque….
Pendant cette coupe d’Europe de fout, je me suis penché tel un observateur scientifique de la nature humaine, sur le comportement de l’homme face à ce qui était un jeu au départ, enfin, bref…..sur l’agissement des fouteux dans leur milieu naturel.
J’ai décortiqué et analysé les différentes situations, de façon à vous transmettre les conclusions de ma propre psychanalyse de ce qui est devenu un comportement de société sans que l’on sache vraiment quel était sa finalité qui a dépassé celle de l’amusement.
Le terrain est le lieu saint sur lequel se passe une sorte de messe …autour du prêtre qui va officier la cérémonie en donnant des ordres avec son sifflet liturgique, les participants ont revêtu leurs habits sacrés dédiés à leur saint patron et les fidèles se pressent pour chanter leurs louanges….
Les élus pénètrent sur le tapis sacré en se signant, en levant les bras vers le ciel ou en embrassant leur maillot serré dans leurs mains comme pour s’unir à leur divinité.
La pelouse consacrée est continuellement arrosée par les expectorations rituelles des participants qui pensent s’attirer ainsi les faveurs de leur protecteur en sacrifiant leur bave pour transmettre de leur énergie cosmique à cette sorte de récepteur sanctifié qui unit la terre et leur dieu.
Pendant la cérémonie les adeptes chantent des hymnes protecteurs en demandant aux dieux d’intercéder pour défendre leurs couleurs en agitant vers le ciel des sortes d’objets thaumaturgiques qui leur permettre d’enregistrer ce qui va se passer pendant la célébration de cet office vénéré dont ils consultent continuellement l’écran, souvent sans jeter un œil sur ce qui se passe…. ce sont sûrement ce qu’on appelle des croyants non pratiquants .
A chaque péché commis par la partie adverse, il est d’usage de se rouler sur le gazon humide, en criant, en se tordant, et en levant les bras pour quémander quelques grâces de compensation à son mécène bienfaiteur, cependant l’officiant au sifflet magique est le seul à pouvoir traduire la décision du dieu protecteur qui lui transmet ses ordres dans un écouteur fixé à son oreille, et il lui revient le rôle d’annoncer le jugement suprême.
Il y a deux sortes de péchés, le véniel et le supraveniel dont la conclusion est la possibilité de percevoir une sorte d’indulgence acquise en envoyant leur emblème sphérique à travers les barres du camp adverse qui représentent le passage du mal vers la rédemption et qu’ils appellent penalty……naturellement fortement teinté d’un rite symbolique qui oblige l’impétrant à exécuter une sorte de danse faite de petits pas rapides ponctués d’arrêts brefs et saccadés pour obtenir la protection de leur sorte de sponsor lorsqu’ils vont accomplir ce cérémonial.
Après une étude de plus de quinze jours en me farcissant de nombreuses cérémonies initiatiques, je n’ai pas pu faire la différence en les trois hypothèses du départ, même si je penche plutôt vers celle du cinéma surtout lorsqu’on compare leurs prestations à celles des rugbymen qui pourraient même continuer de jouer avec les deux bras cassés…..
Magie ou religion..là est la question, est-ce que les fouteux demandent ou ordonnent aux dieux de les faire gagner ? Est ce que leurs rituels sont plus imprégnés de sentiments religieux ou ne sont-ils qu’un cinéma pour berner le prêtre au sifflet magique ?
Oui, les terrains de fout sont devenus de vraies cathédrales, mais la ferveur des participants tient plus d’un exutoire satanique que de la vénération religieuse.
Qui trop embrasse mal étreint….tous ces signes de croix galvaudés, tous ces bras levés, ces prières envoyées vers des supporteurs célestes, ressemblent plus à des grigris superstitieux enrobés de syncrétisme qu’à des louanges mystiques.
Et enfin, pour abréger je dirais qu’il est totalement insupportable de voir des clowns se signer pour s’attirer les faveurs d’un dieu qui est souvent celui de leur adversaire, qui fait d’ailleurs la même chose dans un capharnaüm de bondieuseries totalement pathétique…et puis, après tout, même s’il y a eu ‘la main de dieu’ et même si un joueur s’appelle Mesi, dieu ne préfère-t-il pas plutôt le cyclisme en faisant rouler ses adeptes avec un supercarburant béni aux herbes aromatiques de Lourdes !