Un dîner presque parfait à Paris du mercredi 3 avril 2013

Moi aussi, j’ai un blog, merde, alors, avant tout, je tiens à signaler que j’adore les trolls, ils m’excitent, ils me donnent la pêche, ils m’apportent de l’inspiration, redressent mon clavier, dynamisent mon imagination.

Je les comprends, leur vie est tellement triste et obsédante, toujours à fréquenter des flagorneurs qui leurs disent qu’ils sont les meilleurs. Ils en sont persuadés et viennent à la télé espérant être flattés, prêts à recevoir des congratulations et des bravos par quelques partisans un peu fayots qu’ils en oublient même quelquefois la dure réalité.

Mais comment peut-on être d’un autre avis que le leur et ne pas voir en leurs créations merdiques ce qui faisait leur fierté onirique ?

Comment ne pas apprécier ces photos magnifiques de plats tellement chiatiques ?

Mais, c’est vrai, je suis un inculte, un insatisfait, un jaloux triste et ridicule qui n’est pas capable de voir en ces magnifiques créations toute la finesse de leur imagination.

Fan da pétan, heureusement, je ne suis pas aveugle, rien qu’à les écouter, on pourrait les croire !

Alors mercredi, nous sommes chez Le Responsable Commercial, Le Yin, qui veut sortir des clichés d’une cuisine européanisante pour nous montrer la cuisine asiatique, c’est une sorte de prosélytisme culinaire.  Son titre : voyage au pays du tamarinier.

Connaissez-vous ce fruit, le tamarin ? On dirait une sorte de datte longue croisée avec une cacahouète. Il faut la casser pour laisser apparaître ce qui semble être au premier abord un genre de gros vert d’allure peut sympathique et franchement peu engageante. En plus il y a des noyaux à l’intérieur de ce truc au goût ni sucré ni acide que je qualifierais de fadasse. Heureusement que Firat est là pour relever la culture générale.

Chez lui. Ah, encore un squatter, nous sommes chez son copain Laurent qui doit être son employé…je déconne. Ah, mais il venu avec son bouddha portable de voyage. Mais alors pendant la présentation, ce n’était encore pas sa cuisine, puisqu’elle était visiblement mieux que celle-ci, putain, un autre copain….

Mais alors, est-ce son blog, ou celui d’un autre copain ? D’ailleurs celui-ci n’a même pas d’auto cuiseur…oh le nul, mais Lolo a de beaux couteaux.

Les courses. Chez les frères Ping, Pang et Poung, j’ai reconnu la boutique.

En cuisine. Donc, un piment de Martinique avec de la pâte de tamarin, en sachet. Et il coupe, persil, coriandre, oignons, piments. Et il ouvre des flacons d’ingrédients : curry, miel…. viande haché, crevettes en sachet. On ouvre des feuilles de brick et on démoule…sans prendre de photo.

Et voila, tout est fait. Eh oui.

Mais j’ai rien vu !

Normal, il a rien fait !

Ah bon !

Décoration de table. Il annonce sobre et zen. Nappe taupe diarrhéique, avec un air de serviette de bain pour besoin pressant. Assiettes et baguettes. Pas de couvert à poisson. Verres bien placés. Origamis offerts par un copain. Une branche de cymbidium guillotinée pour quelques fleurons, le tout délicatement exécuté par un autre, de copain. Alors, lorsque c’est simple et qu’il n’y a rien, il faut rajouter sobre et classe…le tour est joué. Ah, on peut rajouter zen, avec quelques bougies et des bouts de papiers pliés, si t’es vraiment bling-bling tu fais les mêmes pliages avec des billets verts, ou violets, si tu connais Francesco.

Romane, qui était sûre que c’était lui. Elle est contente. Perspicacité. Firat, étonné, qui ne pensait pas à lui, il pensait à une fille, car il n’avait pas remarqué ce petit côté féminin de l’hôte qui ne s’en était pas aperçu lui-même, comme ses copains, d’ailleurs.  C’est sûrement ‘les tigres pleureurs’ qui l’ont influencé. Sofia juste avant Ophélie en hiver avec un petit cadeau et des chaussures dorées qui vont très bien avec le pantalon kaki de Firat.

Apéritif. Décollage vers les triangles d’or. Samossas et chutney de tamarin.

Sofia : « C’est bien présenté.  » Merde, des samossas rangés à touche-touche sur un plat allongé. Aucune garniture. Aucune fioriture. Aucun dressage particulier. Ils sont posés à la va que je te pousse, grassement …. Mais elle continue  « Les triangles d’or…le titre est subtil. »  Putain, c’est une classe de maternelle.

Nous apprenons avec surprise qu’Ophélie connaissait déjà le bœuf. C’est une révélation, eh oui, c’est une chef de projet, elle a déjà mangé du bœuf, c’est ça l’élévation sociale, la promotion par le travail, elle va chez mac Do puiser ses recettes, c’est une professionnelle.

Mais ils trouvent ça beau. Quel pied ! Admirez l’enchaînement, sabot et pied et chaussure pour miss carnaval oh quel lit, elle devrait habiter à Monte Carlo, c’est tiré par les cheveux, mais ça m’amuse.

Episode de la boisson. Alors il a revisité la soupe de champagne : liqueur d’orange, champagne et citron vert en remplaçant ce dernier composant par du yuzu. Merde, c’est osé, quel risque dans la revisitation . Putain, ils nous prennent pour des cons. Moi je mets du citron vert, c’est encore plus osé, mais comme j’aime pas le champagne je le remplace par du Monbazillac avec de la liqueur de mandarine ………

Avez-vous remarqué la jouissance dans le regard éteint de l’eau d’hiver qui savait ce qu’était le yuzu ?   C’est beau, hein, la lueur d’intelligence ?  C’est exactement le même regard lorsqu’elle ignore ce qu’est le tamarin.

Romane penche pour le goût du liquide vaisselle.

Nous savons maintenant ce qu’elle boit !

Et ils continuent de faire des courants d’air pour savoir si le piment est bien dosé ou si la couleur de la feuille de brick est en adéquation avec le pliage de la fleur de lotus qui ressemble à une cigogne qui n’a pas pu avoir d’enfant.

J’ai gardé pour la fin. Romane  » les deux avaient un goût bien différent.  »

Putain, là aussi, je m’incline. Une experte, je vous dis, une experte, voila une fille, qui au premier abord a l’air normal, mais qui est capable de faire la différence entre des crevettes et du bœuf. Merde, je sais, ça peut paraître impensable à des mecs comme vous et moi, enfin pour vous si vous êtes une fille, mais putain, mesurez vous la puissance de réflexion, d’analyse, la force de synthèse, la recherche dans une mémoire gustative pour analyser la viande et le poisson et surtout, en faire la différence ?  Je vous le dis, nous atteignons des sommets, que dis-je, nous sommes sur l’Everest de la perfection gastronomique, elle peut postuler une place dans le guide de l’agueusie.

Mais je ne résiste pas à la dernière de la miss Ophélie.

« La crevette avait un petit goût asiatique dedans qui fait que je l’ai préférée au bœuf.  »

Je me demande si je dois rajouter quelque chose à cette perle ?

Putain, si je dis ça à ma banane, elle va me faire des chinoiseries…

Sofia, est sur le cul, un mec qui connait le tamarin doit maîtriser son sujet, et alors si en plus y a du riz et des mangues, c’est l’extase…..salut le riz veau …..je deviens subtil.

Animation. Sushi pour apprentis scarabées. Mais, dites moi, Ophélie est niaise de nature ou elle travaille beaucoup pour avoir ce rendu ? Et Sofia qui se la pète, mais qui est incapable de faire une boule de riz façon arancini revisité….pour ceux qui suivent. Démonstration intéressante, on apprend une technique, enfin, Sofia a dû rater une marche, mais c’est une blagueuse vindicative et pretentieuse.

A table. Plus d’assiette.

« Des papiers d’origami qu’il a plié lui-même.  » merde, Sofia t’es la reine des pléonasmes ! Sofia pleine de nasmes. Bouh. Elle doit confondre avec du papier aime riz.

« Y a des origamis et des fleurs sur la table.  » Ophélie vient à sa rescousse.

Mais la décoration est trop simple pour les simplets qui sabrent !

Merde, un blogueur doit mieux faire ! On verra Sofia…..on verrat….

Entrée. Poisson cru et salade. Un cevice de la baie d’Ha Long, tu déconnes cong ? De la perche du Nil via  le Viêt Nem  !

Ophélie n’aime pas l’oignon, tu m’étonnes……lorsqu’on a vu son repas on sait qu’elle est obnubilée par l’autre face. Message codé.

Les verres sont vides et le pain n’est pas là.

« Le poisson était trop cuit.  » T’as raison Firat.

Il aurait tellement à écrire…de Sofia qui élève jusqu’à ses narines l’assiette, pour renifler un tartare de poisson, qui doit sentir…le poisson, jusqu’à Ophélie qui fait, indubitablement, une fixation sur l’oignon, merde, en plus, elle en revient toujours à ses pieds, à son corps défendant !  Elle est bonne…oignon…corps…pied.  Je souligne, je sais qu’elle vient lire, des fois qu’elle ne comprenne pas.

Plat principal. Les tigres pleureurs, quelle trouvaille pour des brochettes de bœuf !

« Ah whai, y a de la maîtrise, quand même « Sofia qui regarde l’hôte couper du persil !

Chouette une fondue bourguignonne avec une salade carottes et papayes.

Connaissez- vous la papaye ? En jus de fruits, elle apporte un complément assez savoureux, mais seule, pouah, enfin, je parle en mon nom de moi-même en parfaite connaissance de ce que je dis et je signe, elle dégage un goût de vomi que je n’ai jamais rencontré ensuite que dans le rendu de certains plats de candidats qui se la pétaient.

Tiens, il y a du vin rosé, mais pas de pain, pas de pot.

Je suis toujours effaré de voir qu’une serviette est toujours considérée comme un chiffon encombrant.

Dessert. Des verrines lait de coco et tapioca beurk, même les bananes, plantains, n’y peuvent rien changer, apportées  ‘minablement’ il n’y a pas d’autre mot, sans assiette dessous.

Alors, on résume…..côté cuisine…rien. Salade, du bœuf comme une fondue sauf qu’il y a la brochette et une verrine de tapioca. Cependant, je dois avouer que je l’ai trouvé sympathique et je pense qu’il aime cuisiner. Mais c’est une semaine pour blogueur et on a privilégié la vue….de l’objectif en oubliant celui de l’art de la table. C’est la semaine du paraître au détriment du savoir !

Alors, quand aux autres, faut pas déconner.

Ils essayent de parler comme des livres qu’ils n’ont pas lus.

Ils dissertent comme des attardés. Ils tentent de faire des phrases pour expliquer ce qu’ils sont incapables de comprendre.  Ils étalent, à la suite, des mots dont ils ne saisissent pas le sens.

Ils n’ont toujours pas compris qu’on peut aussi faire de belles photos d’une merde monstrueuse !

Mais nous, on a tout compris !

Je vais me coucher, il est 1h 30, dure journée et pas de dessert, j’ai un peu mal à la tête !