Mercredi, Élisabeth, secrétaire notariale,

« On peut être battante et coquette à la fois » D’abord, ce n’est pas un dicton et ensuite cela ne veut rien dire, style on peut être con et connaître la lune, ou aimer la musique et écouter le dernier CD de la tsarine. Alors direction l’institut de beauté, au spa pour une séance aussi inutile que sportive. « Tu viens pour ton sein ? » Merde, c’est ce que j’avais cru comprendre, en fait la boutiquière lui demande si elle vient pour son soin,   tsoin, tsoin ! C’est quoi cette question ? Ton soin ! Alors, petit moment de remplissage avec des poutoux sur son corps appliqués. C’est quoi le masculin, un poutal ? Je déconne, c’est pour faire de la pub à la tenancière. Petite requête au préposé au fond musical :      Est-ce que pretty woman est obligatoire chaque fois qu’il pense que la candidate est mignonne ?

‘Côté caraïbe’ le titre du menu qui est très bien trouvé pour Agathe. Non ? Merde quel esprit…de déduction !

Chez elle. Petite bicoque sans plus, humble et modeste, moderne et déjà encombrée des préparatifs déjà dressés. Cuisine ouverte, escalier qui mène à une mezzanine, terrasse vue sur mer, bref, un petit bagne tropical juste en face de l’aéroport Grand Case l’Espérance.

Les courses. Chez le langoustier pour des sujets vivants que l’homme de la mer doit couper en deux. « Elles ne vont pas souffrir ?  » demande-t-elle innocente. Mais pas du tout, répond le boucher qui va les scinder en deux parties presque égales dans le sens de la longueur, depuis la tête jusqu’à la queue. La bête regarde d’abord l’arme, incrédule, puis elle sent le tranchant qui pénètre sa chair en épargnant son cerveau, elle n’a pas vraiment mal, mais le contact glacé de la lame l’étonne sans pour cela l’inquiéter encore, elle a déjà reçu des morsures de murènes aux dents acérées, cela lui ressemble un peu, mais elle ne sent pas la déchirure qui s’en suit presque toujours. Mais quel est donc ce truc bizarre qui s’échappe de ma carapace et qui c’est cette bestiole à côté de moi qui me regarde hébétée, merde, mais c’est moi. Ah c’est un miroir, oh la blague. Putain, la langouste est vraiment conne, son cerveau n’est là que pour la décoration, elle n’a pas compris que son double c’est l’autre partie d’elle-même, mais c’est vrai qu’elle ne sent rien, d’ailleurs elle rit de se voir si belle dans ce qu’elle croit être un miroir. Élisabeth peut être tranquille, la demi-langouste sera au menu sans souffrir, et, comme elle dit, elle adore les manger, mais pas les voir, alors on dira que la langouste s’est éteinte en plein sommeil, mais je déconne, je déconne, je suis sûr qu’elles ne sentent rien lorsqu’on les partage, le créateur, dans sa grande sagesse, a crée les palinuridae sans système nerveux, lui aussi les aimait grillées, c’est pas une preuve de l’existence de dieu, ça ? Saint Paul a longtemps cherché une preuve irréfutable pour assoir ses épitres, ça doit lui boucher un coin, alors, benoite, si tu me lis, ce dont je ne doute point, il vaudrait mieux remplacer cette hostie rétrograde par des rondelles de langoustes grillées aux herbes de Provence et je suis persuadé que les églises retrouveraient leur affluence d’antan. Tu vois, il faut s’adapter !

En cuisine. Elle ne bronze donc pas seins nus. Dommage. Séquence émotion, en coupant le giraumon, elle pense à son enfance lorsque ses petits copains essayaient de tâter ses petits melons naissants pas encore les cucurbitacées de son adolescence ni les beaux p’tits ronds de maintenant.

C’est la première fois qu’elle va mettre du safran dans un riz. Mon dieu, vite, un vœu !

Décoration de table. Nappe taupe bio, jolie, deux napperons transversaux avec des dessins de bananiers et de palmiers ainsi que leurs fruits respectifs. Assiette de présentation carrée blanche. Une assiette creuse dessus, complètement inutile. Cuillère mal placée, petite fourchette également mais pour une seule personne qui sera Agathe. Verres bien placés…mais oui ! Bougies, cannelle, cabosse et les fameuses boules tressées from hollande, j’aurais aimé quelques fleurs au lieu de ce vase, imposant, rempli de fruits.

Changée, Whouaou, ouh, ouh ban, bang, blob-blop, yoy, ouh, glasp, baba, poum, bing, arr, ou, ou, ou, maman !

Martine, oh, bé ah, hi ??? En blanc, de chez transparent en bas, y en haut rembourré, y soulevé, y béton, y tout dehors, y pas beau. Maman, quand elle va voir le replay ! Cyrille, avec un paquet bleu, dragueur, qui veut planter à tour de bras. Nicole, bio, au turban. Agathe, avec un grand sac, et trois bretelles.

Apéritif. Melting pot de saveurs fruitées et épicées. Belle présentation, dans un contenant transparent, sur des glaçons, des sphères avec oignons, tomates, crabe et crevette, dommage pour la serviette en essuie-tout, arrachée à la hâte.

Animation ‘faites vous même votre cocktail ‘qui vire à une tentative de démonstration demandée à Cyrille qui se défile en avouant qu’il n’est qu’un aubergiste et point un Tom Cruse saltimbanque. Séquence Orangina ! Secouez moi, oui, oui, Élisabeth, ah non, pas là ! Séquence onanisme de groupe, chacun se secoue à sa propre vitesse, mais Cyrille montre la position particulière de l’index pour empêcher le contenu de sortir. Nicole est emballée, elle va faire ça chez elle, et Agathe avoue qu’elle fait ça pour la première fois, alors que Cyrille, nous l’avons vu, est un habite hué !

C’est trop simple pour Nicole.

Ah, mais l’animation c’est limbo ! Et Cyrille qui a mal au dos et Nicole qui continue de nous les casser en trouvant chaque fois une critique. Putain, on dirait un jeu dans une garderie du troisième âge, et on tape dans les mains et on fait attention aux vertèbres et aux articulations des genoux. Je stoppe les remarques sinon je vais me faire incendier par quelques critiques intégristes. Martine veut passer une troisième fois sous la barre, encore une séquence souvenir, maintenant elle doit faire de l’élastique ! Facile, désolé, pardon ! Elle a intérêt à ne pas faire tomber ses prothèses, oh putain, c’est vache, re-désolé, mais c’est vrai ! Et une béquille pour Cyrille !

À table. Nicole aime, oh putain !

Entrée.  Délice de sorcière. Giraumons en soupe. Ils n’ont jamais rien vu, des néophytes.

« Il était tellement beau qu’on aurait dit du bois.  » Cyrille, en parlant du giraumon. Où commence le compliment ?

 » La soupe était tellement simple et tellement jolie que j’ai bien aimé.  » Et il continue !

Nicole chatouille ses lèvres avec la cuillère.

« Je n’ai pas particulièrement apprécié même si c’était bon !  »

Ça c’est la perle de la semaine qui rentre dans le top cinq, merde Agathe vient de faire très fort dans la conneritude, très, très poussée.

Plat principal. La reine écarlate sur son lit passionné.   Langouste sauce maracuja. Pour elle, une innovation. Allez, encore une qui innove, c’est le soir !

« La personne a l’habitude de cuisiner les langoustes, donc ce sera facile. » Disait Martine en lisant l’intitulé. Mais la langouste séparée de sa moitié refuse de coopérer et décide de prendre son temps pour rougir. Elle se décompose, Élisabeth, pas la langouste, et fait son mea culpa en constatant que le temps n’est pas le même pour tous. Comme le disait mon prof à la Sorbonne, qu’est ce que le temps…. pour un éjaculateur précoce ?

Pas de sauce maracuja. Elle perd les pédales des fruits de la passion, elle va pleurer, son maquillage coule, oh non, elle stresse. Pas de couleur écarlate pour ce crustacé, sauf la sienne, celle d’Élisabeth, lorsque la gentille Nicole lui balance ses vannes habituelles. « Il faut faire ce qu’on sait faire. » Autrement dit  » ta gueule » et « sois belle. »  Merde, et les pattes elle en a fait quoi ? Je signale à Nicole, que si pour faire griller une langouste, tu la mets dans l’eau chaude, tu fais une langouste mayonnaise.

Pas de pain. On s’en fout, et pi Nicole n’a rien dit.

Dessert. Flan coco sur son coulis de mangue. Un œuf au plat. Ce n’est pas orthodoxe pour ni colle ni maître qui, en plus, a horreur des œufs, comme Agathe. C’est bon, mais ce n’est pas un flan coco, donc on ne peut pas dire que son flan coco était bon ! Logique imparable pour Nicole ayatollahesque !

Et Martine qui fait la moue……. non je parle de sa grimace.

Les notes. 18 pour Cyrille. 17 pour Agathe et Martine. 15 pour Nicole.

La pauvre Élisabeth n’avait pas de bateau. L’animation sportive était moins bling bling que les photos sur un cata !