Un dîner presque parfait à Deauville du mardi 23 avril 2013

Claire-Marie, gérante d’un traiteur, avec un thème bateau sur le mariage, elle veut se faire plaisir. Donc, pendant que sa sœur bosse, Claire-Marie glande dans l’entreprise, en faisant la belle.

Son menu : Monté de toutes pièces.

« Elle risque de se marier bientôt » comme dit Martine qui doit avoir de mauvais souvenirs

Chez elle. Non. Et l’excuse est : il n’y en a pas.

Elle avoue ne pas savoir cuisiner…mais il y a les instruments de sa sœur.

Par contre, visite de la salle de bain. Indispensable !

Les courses. Chez un fleuriste…pour des fleurs artificielles. Le fleuriste est content.  Le faux c’est plus cher. Des buis spirales, ça douille, le camélia tige…..des bouquets, compositions, putain, elle doit gagner, que pour amortir la note du fleuriste ! Bon, ça servira aussi pour la boutique. Que de la frime.

En cuisine. J’aime ses pulls. Belle décoration.

Quoi ? Même pas des fruits de la passion, ni de jus de citron. Des bouteilles. Putain, elle glande jusqu’au bout. Elle goûte une vinaigrette, whaou, une pro. Visiblement, elle n’y comprend rien. Elle dresse ses rondelles directement sur l’assiette. Sabotage des gousses de vanille, et re-vinaigrette merde, un truc inconnu : le gingembre. Un autre : le corail.  On est sur le sommet de l’art culinaire. Et je regoûte la vinaigrette.

Réflexion faite, elle ne doit pas trop entrer dans une cuisine.

Elle n’aime pas gouter, éplucher les oignons, travailler la vanille…..ni cuisiner…puisqu’elle n’a rien fait.

Encore une qui nous prend pour des cons. On n’a rien vu. Mais surtout, elle ne sait rien faire.

Décoration de table. Oh, un drap. Taupe endormie sur un lit froissé. Des bougies. Des dragées.  Argenterie. Pas de couvert à poisson. Et une orgie de fleurs artificielles. C’est le mariage de Barbie.

Oh, une communiante dans une robe virginale, les seins à peine dissimulés qui ne demandent qu’à sortir de cette cachette puritaine pour aller vivre leur vie dans des mains plus chaleureuses qui pourraient leur rendre une vocation plus ludique en une partie de Colin-maillard polissonne à la recherche dessins animés. Mais elle me fait de la peine, une incommensurable tristesse envahit mes yeux d’éternel adolescent mi Adonis mi Siffredi, je déconne, mais c’est vrai que la situation est pour le moins curieuse. Elle tente de faire vivre un rêve de mariage utopique ou avorté. Elle penche plus du côté ballerine que de celui de jeune promise. Je souris de la voir froufroutante, charmes apparents, appas pointant comme des appâts d’appel à la luxure pour quelque mâle en recherche de futilité, virevoltant et minaudant, se perdant dans des phrases qui ne veulent rien dire, étalant son manque de technicité et noyant le tout sous des mots susurrés à peine audibles pour ne pas avouer qu’elle est larguée et qu’elle ne sait pas où aller.

Sylvain déguisé en Travolta sexagénaire avec le costard de ses trente ans, les kilos en plus, le nœud de cravate raté et le bouton de la chemise qui ne ferme plus et la veste boudinée qui le fait ressembler à un saucisson mi figatelli mi saucisse de Strasbourg. Patrick qui n’a pas eu le nez de comprendre lui aussi a mis la tenue retro de ses années perdues. Marine qui a gardé les mêmes fringues et la même paire de lunettes. Delphine déguisée en agneau pascal, avec plein de pellicules dans les cheveux. Merde le mouton a bouffé le loup.

Apéritif. L’alliance à chaque étage.

Meringues achetées, et dans une assiette, des compromis entre le pet de nonnes et la bouse de vache, que tu sais pas si c’est sucré ou salé, du lard ou du cochon, du chat ou du canard. Et une verrine de vomis. Bref n’importe quoi, encore une qui croit qu’en regardant des photos et en lisant des recettes, on va savoir cuisiner.

Je rassure les fans de cuisine japonaise……cela n’en a ni l’air, ni le couplet.

Animation. Ah, du frais. Confection d’un bouquet de légumes frais. Encore un foutage de gueule. Elle déconne ou c’est une innocente ? Je crois qu’elle ne sait pas où elle va.

Oh putain, elle s’est mise en chemise de nuit. Barbie va au lit. J’aime. J’espère que là, au moins, elle est bonne. Merde, je déconne. C’est énorme. Les deux…..le gauche est sympathique, l’autre aussi.

Patrick se fait encore remarquer, avec la charmante Delphine ….cinq pour la déco !

Entrée. Une sainte passion. Carpaccio de saint jacques. Ah, elle a enlevé le corail….

Putain, Delphine me fait peur. Tu la rencontres la nuit, et si elle rit…tu hurles.

Allez, c’est cru. Oh, une soupe avec de la vanille.

Dis-moi, sylvain, c’est pas du café au lait, pas la peine de faire des tartines.

Le tatouage de Delphine est très distingué…Ça lui va bien. Ça décore son bras gauche…c’est vrai, il y a de la place. Quoi ? Le même sur l’autre bras ! Ahhhrrr !

Plat principal. Un mariage d’une suprême douceur. Du canard….Encore. Oui, sa sœur a bien travaillé. On voit le plat arriver directement de la boutique…c’est une spécialité maison.

Les verres sont vides.

Dressage inexistant. Minauderie inutile. C’est Byzance.

Nous savons que Delphine aime Maxime. Voila une nouvelle intéressante. Mais que fout ce dauphin qui saute dessus un palmier ?

Elle va travailler la dragée sous forme de poudre. Explication emberlificotée dont je donne la traduction plus prosaïque ; elle écrase des dragées.

Z’avez vu la cuisine ? Je comprends tout maintenant. Sa sœur lui a dit tiens la caisse….on pourrait la piquer, mais, surtout, ne touche à rien d’autre.

Dessert. La tentation en robe de princesse.

La pomme ! Non ? Imagination. Putain, cette influence judéo chrétienne nous colle à la peau. Faut pas déconner une pomme comme symbole de la luxure. Depuis deux mille ans toujours les mêmes conneries pour parler de tentation. J’aime bien les seins en forme de poire….

Elle rigole en servant sa réalisation merdique. Un rire nerveux, ironique ou….. alors une pomme meringuée. Elle avoue avoir fait un dessert simple pour terminer. Parce que le reste du repas était compliqué …maman.

Ah, y a de l’eau…au moins.

Une pub pour son affaire ? Je ne sais pas.

Elle peut trouver un mec qui a un restaurant ou qui aime les sandwiches.

Mais à mon humble avis, elle avait plus de chance de trouver une ouverture éventuelle en faisant un strip-tease.

Bon, elle est mignonne, mais il faut l’avouer, aucune compétence culinaire, aucune prédisposition à la décoration, bref…rien.

Un conseil : reste derrière la caisse.

Putain, c’était vrai, son menu était monté de toutes pièces !

Un puzzle. Il lui manquait des pièces …c’était un dîner kit sponsorisé par Ikea !

Quoi ? Ah, ils ne veulent pas. Je les comprends !

Mais, je pense vraiment qu’il manquait des pièces…ailleurs que dans son menu !